Benny : Sur le Carême


Benny, de la communauté du Vicariat, nous fait partager quelques réflexions sur le Carême.

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« Le monde repose sur trois choses », dit la sagesse d’Israël : « sur la Torah, la louange et les œuvres accomplies par amour » (Pirkei Avot 1 :2). L’illustre rabbin italien Ovadiah Bartanura interprète cette phrase de la manière suivante :

« Sur la Torah – si Israël n’avait reçu la Torah, je n’aurais pas établi les lois qui régissent le ciel et la terre,

Sur la louange – les sacrifices, en effet il est dit dans le Tractate Taanit (27b) « sans les classes de prêtres il n’y aurait ni ciel ni terre. Nous l’apprenons des sacrifices offerts par Noé, à cause desquels le Saint béni soit-il jura de ne pas engloutir la terre dans un nouveau déluge – c’est pourquoi le monde repose sur les sacrifices

Sur les actes de charité aimante – ainsi qu’il est écrit (Psaume 89) : « le monde est bâti sur le hesed » (charité aimante). Les actes de charité aimante incluent le fait de se réjouir avec les mariés, de consoler les endeuillés, de visiter les malades, d’enterrer les morts, etc. (cf source : cliquez ici). »

Aujourd’hui, c’est le mercredi des Cendres, et c’est la tradition de l’église de lire le passage du chapitre 6 de l’évangile de Matthieu dans lequel Jésus – notre enseignant et notre Seigneur – nous dévoile ce qui constitue le cœur de la vie d’enfant de Dieu, dans un chapitre placé au centre d’un discours complexe prononcé au début de la mission en Galilée.

Ce discours peut être résumé de la manière suivante : « le repentir repose sur trois choses : les actes de charité aimante, la prière et le jeûne ». Ces trois éléments ne sont pas nécessairement au fondement du monde, mais ils sont des conditions essentielles de la vie de toute personne désireuse de corriger son chemin et de revenir à Dieu son Père.

Si nous comparons les deux listes, nous constatons que l’ordre des mots a été inversé et que Jésus commence par évoquer l’élément qui n’apparaît qu’en dernier lieu dans la liste de Pirkei Avot.

Il semble donc que tout commence par une invitation faite à la personne humaine de laisser derrière soi la clôture en elle-même où elle se trouve, repliée sur soi, sans pouvoir (ou même sans vouloir) voir les autres ou entendre de quoi ils ont besoin. Les actes de charité aimante le libèrent de l’esclavage de l’égoïsme et l’ouvrent à un nouveau chemin vers le monde et vers les autres. Ainsi qu’il est écrit dans le livre d’Isaïe : « partager ton pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri, vêtir celui que tu vois nu, et ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, ta blessure sera vite cicatrisée. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur derrière toi. Alors, si tu cries, le Seigneur répondra, à tes appels il dira : Me voici. Si tu exclus de chez toi le joug, le geste menaçant et les propos impies, si tu donnes ton pain à l’affamé si tu rassasies l’opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et tes ombres deviendront plein midi. » (Isaïe 58 : 7-10)

Le premier pas est fortifié par la prière, autre invitation à sortir de soi pour une rencontre non moins importante : la rencontre avec Dieu. Au moyen de la prière, l’homme parvient à renoncer au bavardage inutile, à adopter des mots simples mais à mieux écouter, et ainsi à communiquer avec Dieu, qui du ciel voit jusqu’à ce qui est secret.

Après tout, la prière rapproche la création du Créateur, donc révèle la personne humaine à elle-même, purifiant son cœur et sauvant son âme.

Jésus propose à ses auditeurs et à ses disciples deux pas qui amènent la personne humaine à sortir d’elle-même, et à cesser de se mettre soi-même au centre. Le troisième moyen est lié à l’individu, à ce qu’il peut faire de lui-même et de son corps, lequel est temple de l’Esprit Saint, lieu dans lequel il peut rendre à Dieu louange et gloire, et offrir de dignes sacrifices – ce moyen est le jeûne.

Ce n’est que par cette effraction, qui nous ouvre au monde et à Dieu, que la personne qui fait pénitence peut avoir affaire à elle-même, en demandant à son corps des sacrifices ; non au début, mais plutôt au terme de ce parcours, de peur qu’il ne soit tenté de se justifier lui-même en oubliant les autres. Tout ceci doit être fait gratuitement, sans se satisfaire de soi – c’est la condition que Jésus pose avec insistance comme soubassement de tout acte. Aussi dit-il, à propos de ceux qui cherchent à être honorés par les autres, « ils ont déjà leur récompense ».

Se repentir, c’est se disposer à un voyage pour rentrer chez soi, c’est ouvrir les portes et commencer à avancer sur un chemin long et parfois inconnu. Celui qui nous emmène sur ce chemin est le Saint Esprit, qui certes nous conduit au désert, mais d’une main sûre.

Puissions-nous avoir un jeûne béni en ce temps de Carême.

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