L’Eglise – un "maintenant" où il est déjà possible d’aimer


Le Père Roman, responsable de la kehilla de Haïfa, médite les lectures du 30e dimanche, qui sont consacrées à l’amour.

unity

"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et de toutes ton pouvoir, et ton prochain comme toi-même".

Le thème principal des lectures de ce 30e dimanche est l’amour. Il est toujours bon de revenir à ce thème, dont on ne pourra jamais trop parler. Tandis que je réfléchissais à ce que je dirais aujourd’hui, de nombreuses pensées me sont venues à l’esprit, et j’ai cherché des textes de l’Ancien comme du Nouveau Testament, m’appuyant sur eux pour développer ces idées. Je me suis soudain rappelé un chant, un chant nouveau. J’étais très heureux à l’idée que c’est réellement un chant nouveau, à la fois du point de vue chronologique et en un sens métaphorique. Pour le Christianisme, et je crois pour le Judaïsme également, un chant nouveau est un chant qui parle de joie, proclame de bonnes nouvelles, exprime une espérance. Le chant que j’ai entendu est justement de cette sorte. C’est d’abord un chant nouveau au sens où nous l’avons entendu cette semaine pour la première fois. Je parle bien sûr de la chanson écrite pour le retour de Gilad Shalit, et chanté par Arik Einstein : "Maintenant que tu es là". C’est une chanson très émouvante, une œuvre d’art qu’on ne peut pas critiquer. Pour l’avoir écoutée à plusieurs reprises la semaine dernière, je peux dire qu’elle est vraiment belle.

Parmi les passages les plus merveilleux de ce chant, on trouve ces paroles particulièrement émouvantes :

"Mais maintenant que tu es là
Tu peux aimer
Tu as droit qu’on te serres fort dans les bras
Tu peux respirer profondément"

"Mais maintenant que tu es là, Tu peux aimer" ; ces paroles sont très touchantes. Je me suis un instant demandé quelle peut être la signification de ce "maintenant" dont parle la chanson. On pourrait dire que ce "maintenant" est l’expression de la confiance dans le fait que l’Etat se soucie de ses soldats et a soin qu’ils retournent chez eux. Le "maintenant" exprime aussi l’espérance que ce jour du retour de Gilad Shalit contribuera à faire avancer le processus de paix dans notre région.

Mais on peut aussi se demander ce que signifient, pour nos vies quotidiennes, et particulièrement pour nos vies de Chrétiens, ces paroles : "maintenant tu peux aimer". Nous pouvons imaginer (plût au Ciel que nous ne le puissions pas, mais nous pouvons effectivement l’imaginer), que demain ou après-demain (Dieu nous en préserve) une guerre éclate dans notre région, ou en Afrique, en Asie, en Europe… Est-ce qu’alors il ne sera pas encore temps d’aimer ? Cette question n’est pas de ma part une critique à l’égard de la chanson, puisque j’ai dit moi-même que cette belle œuvre ne souffrait pas de critique. Mais la question subsiste cependant.

Nous Chrétiens pouvons dire que pour nous le "maintenant" où il est possible d’aimer reçoit une expression éternelle. Après la mort de Jésus sur la Croix, et après sa résurrection d’entre les morts, nous sommes appelés et nous apprenons à aimer toujours et pour toujours. À ce "maintenant nous pouvons aimer", il n’est pas de frontières. Dans cette perspective, le "maintenant" où nous pouvons aimer prend une forme particulière qui a pour nom l’Eglise. L’église, dans sa dimension temporelle et spatiale, est la réalité dans laquelle nous pouvons aimer et apprendre à aimer.

L’Eglise n’est pas seulement un bâtiment dans lequel nous prions. Certes elle l’est, mais elle n’est pas que cela. L’Eglise n’est pas un rassemblement de ceux qui croient en Jésus. Certes elle l’est, mais elle n’est pas que cela. L’Eglise n’est pas seulement un rassemblement de croyants qui prient ensemble. Certes elle l’est, mais elle n’est pas que cela. L’Eglise est le "maintenant" où nous pouvons aimer, le "maintenant" où nous rencontrons Dieu et apprenons de lui comment aimer. Nous pouvons comparer l’Eglise à la Tente de la Rencontre dans laquelle les enfants d’Israël rencontraient Dieu dans le désert. L’Eglise est la Tente de la Rencontre pour tous les peuples et elle a été ainsi établie pour que tous puissent y connaître l’amour qu’a Dieu pour les hommes. L’Eglise n’est pas seulement un lieu où l’on va prendre part à une cérémonie, où le prêtre lit l’Ancien et le Nouveau Testament, prononce une homélie, élève le pain et la coupe de vin. Non, l’Eglise est avant tout le lieu où nous cherchons Dieu et où nous l’implorons : "Apprends-nous à aimer". Dans ce "maintenant" où nous vivons, il n’est pas facile d’aimer. Parfois il n’est pas facile d’aimer dans sa propre maison, au travail, dans son entourage. Parfois même il est difficile d’aimer dans sa communauté (kehilla). Cependant nous venons à l’église afin d’apprendre comment aimer dans notre monde, comment vivre en ce "maintenant" où il est possible d’aimer.

Enfin, nous devons faire une remarque importante. Il est dit que "là où deux ou trois sont réunis" au nom de Jésus, il est là parmi eux Pourtant un chant bien connu dit : "Là où est l’amour, là se trouve Dieu même". Nous pouvons en conclure que, partout où se trouve quelqu’un qui aime, là se trouve aussi l’Eglise. L’Eglise est le lieu et le temps où nous pouvons aimer, où nous voulons apprendre à aimer. L’église est le "maintenant" où il est déjà possible d’aimer.

Soutenez-nous Contactez-nous Vatican News en Hébreu La messe en hébreu Pour la protection des enfants


© 2020 Saint James Vicariate for Hebrew Speaking Catholics in Israel