L’Ancien testament : tradition juive et tradition chrétienne


La bible du peuple juif est la même que celle de Jésus Christ et, à sa suite, celle de l’Église. Toutefois, une collection de livres convenablement définie, close et agencée résulte de décisions prises bien plus tard. En fixant le contenu exact, l’ordre et l’interprétation des livres de la bible, les traditions rabbinique et chrétienne ne sont pas toujours arrivées aux mêmes résultats. Le Père David traite de la question suivante : Qu’est-ce qui différencie le TaNaKh (la collection juive) de l’Ancien testament chrétien?

D’abord et avant tout, nous devons prendre acte et souligner encore et encore l’immensité de l’héritage dont bénéficient juifs et chrétiens dans les livres de l’Ancien testament. Ils étudient les cinq livres de la Loi de Moïse, ils méditent l’histoire d’Israël, appelé le peuple de Dieu dans la bible, ils prient les psaumes écrits par David, ils s’efforcent de mettre en pratique la connaissance des sages d’Israël et ils écoutent le cri des prophètes et sont encouragés par leurs promesses. Les livres de l’Ancien testament fournissent le langage élémentaire, commun aux Juifs et Chrétiens, dans lequel on parle de Dieu, de l’être humain et de leurs relations.

En soulignant ce qui leur est commun, on peut aussi discerner leurs différences. Une lecture parallèle du TaNaKh juif et de l’Ancien testament chrétien permet de constater certaines différences :

Sur le plan du contenu, on compte plus de livres dans l’Ancien testament catholique que dans le TaNaKh juif : le TaNaKh en compte trente-neuf, l’Ancien testament catholique, quarante-six. La tradition catholique* reconnaît certains textes comme faisant partie intégrante de la bible, alors qu’ils n’apparaissent pas dans le TaNaKh. Il importe de reconnaître l’ancienneté de tous ces textes écrits par des auteurs juifs avant la naissance de Jésus. Ce sont, dans l’ordre biblique :

le livre de Tobie
le livre de Judith
le premier livre des Maccabés
le second livre des Maccabés
la Sagesse de Salomon
le livre de Ben Sira (l’Ecclésiastique)
le livre de Baruch.

Ajoutons que deux livres, faisant aussi partie du TaNaKh, sont plus longs dans la collection catholique, car ils comprennent des passages que leur ont ajoutés des scribes juifs (en langue grecque). Ce sont :

Le livre d’Esther
le livre de Daniel.

Dans les milieux académiques, on débat toujours pourquoi ces textes n’ont pas été inclus dans le TaNaKh tandis qu’ils l’ont été dans l’Ancien testament catholique. Certains de ces textes n’apparaissent pas dans le TaNakH parce ce qu’ils ont été écrits assez tardivement (du IIIe au Ier siècle avant J.C.) et en langue grecque.

Sur le plan de l’agencement, comment a-t-on procédé? Cette question devenait importante du moment qu’il était techniquement faisable de relier tous ces livres en un seul volume (à partir du IVe siècle après J.C.) et encore plus quand on a pu publier la bible en grand tirage (avec l’invention de l’imprimerie au XVe siècle).

La tradition juive divise les livres du TaNaKh en trois parties:

la Torah
les Prophètes (Nevi’im)
les Écrits (Ketuvim)

La tradition chrétienne de son côté divise l’Ancien testament en quatre parties :

la Loi
les livres historiques
la Sagesse
les Prophètes.

À l’intérieur de chaque partie (à part les livres de la Torah/Loi), l’ordre peut aussi varier. Voici quelques exemples.

a. Le dernier libre dans la plupart des éditions du TaNaKh est le Second livre des Chroniques (se terminant par l’Épître de Cyrus qui appelle à un retour vers Sion). Le dernier livre de l’Ancien testament est Malachie (se terminant avec la promesse qu’Élie reviendrait avant le retour du Seigneur).

b. Dans le TaNaKh, on range les cinq rouleaux parmi les Écrits et suivant l’ordre liturgique des fêtes pour la lecture à la synagogue : le Cantique des cantiques (lu à la Pâque), Ruth (à la Pentecôte), les Lamentations (le neuf du mois d’Av), Qohélet (à la fête des Tentes) et Esther (à Purim). Dans la tradition chrétienne, on répartit chacun de ces livres d’après son contenu narratif et son genre littéraire. On place Ruth après les Juges (parce qu’il s’ouvre sur ces mots : «Au temps des Juges»), mais avant le Premier livre de Samuel (parce qu’il se termine avec la généalogie du roi David). Esther (qui se passe durant la période perse) suit Judith (qui se passe à l’époque babylonienne), mais précède le Premier livre des Maccabés (qui se passe durant la période hellénistique). Le Cantiques des cantiques et Qohélet (Ecclésiaste) sont regroupés avec les livres de la Sagesse attribués à Salomon, entre les Proverbes et la Sagesse de Salomon. Les Lamentations sont juxtaposées au livre de Jérémie, puisqu’on l’attribue à ce grand prophète, alors qu’il médite sur la destruction de Jérusalem.

Contenu et agencement constituent la différence la plus apparente entre les deux collections. On peut ajouter que parfois Juifs et Chrétiens interprètent différemment le même texte. Le Juif subit l’influence de la tradition juive telle que définie par les rabbins et les sages d’Israël, tandis que le Chrétien oriente sa lecture d’après l’enseignement et la vie de Jésus Christ tels que consignés dans le Nouveau Testament. Grâce à Dieu, à notre époque nous pratiquons de plus en plus l’écoute les uns des autres, nous apprenons les uns des autres et ainsi grandit notre respect mutuel. Ce qui est commun à nos traditions nous rassemble, et nos différences ne nous mènent pas à la division.

* La tradition catholique diffère un peu de la tradition protestante, apparue avec Martin Luther au XVIe siècle. Luther a mis l’accent sur le contenu qu’on pouvait trouver dans la tradition juive et peu à peu les écrits absents du TaNaKh sont disparus des bibles protestantes. Par contre, il peut être intéressant de noter qu’il n’a pas modifié l’agencement des livres suivant la tradition chrétienne. Dans les églises orthodoxes et orientales, on trouve l’Ancien testament tantôt fidèle à la tradition protestante, tantôt fidèle à la tradition catholique, et parfois s’y trouve une collection de livres même plus étendue que dans la tradition catholique, incluant certains livres tels que les Troisième et Quatrième livres des Maccabés, la Prière de Manassé, le Premier et le Second Esdras, et même les livres des Jubilés et d’Énoch.

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