Notre qehilla dans l’Église universelle (2004)


Frère Yohanan Elihaï, un pionnier des kehillot, a écrit un article après la consécration de Jean-Baptiste Gourion comme premier évêque des kehillot. Nous publions cet article (écrit en octobre 2004) pour marquer le dixième anniversaire de la consécration en 2003 de Mgr Gourion comme évêque.

Nos qehillot existent et ont maintenant à leur tête un évêque, la question se pose : pourquoi a-t-on voulu une section à part dans le diocèse du Patriarche latin de Jérusalem, avec un évêque distinct? Quel est le caractère spécial de nos qehillot, est-ce seulement une affaire de langue? Le statut actuel est-il la dernière étape?

Bien des membres de nos qehillot, pourraient dire : « nous n’avons pas de réponse », ou « nous n’y avons jamais pensé ». Beaucoup des membres actuels ignorent comment tout a commencé, ce que furent les développements et diverses étapes, les recherches depuis 50 ans. Et de fait, des premiers membres de la "qehilla hébraïque" d’il y a 50 ans, il ne reste que peu de témoins.

Ces pages sont destinées à donner un résumé de cette histoire, et à dire en bref ce que devraient être la place et le rôle de cette qehilla dans le monde chrétien. Cela donnera un cadre, un fond sur lequel on comprendra mieux ce que certains attendent ou veulent réaliser.

Un peu d’histoire

En 1950, quelques Pères de Sion vivent à Jérusalem dans les locaux de Ratisbonne, dont le P. Joseph Stiassny, et à Notre Dame de France le P. Jean-Roger, guide pour pèlerins. Deux Petites Sœurs s’installent rue Mamilla, apprennent l’hébreu et commencent à travailler en milieu israélien. L’une d’entre elles est Aliza, membre jusqu’à ce jour de la qehilla de Jérusalem [décédée depuis].

En 1952, Bruno Hussar, dominicain, arrive à Jaffa et regroupe quelque juives chrétiennes, principalement bulgares. Ils se réunissent dans des maisons privées, et la messe est célébrée en latin (les autres prières étant dites en hébreu et en français). Quelques jeunes juifs-chrétiens viennent d’Europe pour vivre en Israël, trois jeunes femmes au kibboutz de Guinégar, M.L. au kibboutz de Tséélim. Rien n’est encore organisé.

En 1954 on envisage de fonder l’"Œuvre Saint Jacques", une association destinée à s’occuper de ces chrétiens qui ne sont ni arabes ni étrangers. Cela se fait dans le cadre du Patriarcat Latin (malgré le fait que le siège du Patriarche est situé dans la Vieille Ville, laquelle se trouve alors en Jordanie). Bruno ouvre un “foyer” à Jaffa où se regroupent maintenant quelques chrétiens (catholiques) juifs ou non. A cette époque arrivent en Israël des milliers d’émigrants d’Europe Centrale, polonais, hongrois, roumains, et parmi eux de nombreux chrétiens, pour la plupart des familles mixtes constituées d’hommes juifs mariés à des femmes chrétiennes, avec des enfants chrétiens. Jean-Roger circule dans le pays pour rencontrer ici et là des chrétiens qui sont dans ce cas.

En 1955 les statuts de l’ “Œuvre Saint Jacques” sont approuvés; citons-en quelques passages :

« L’Œuvre développera chez les membres un solide esprit chrétien, On cherchera à acquérir l’intelligence du Mystère d’Israël; on insistera sur la formation biblique et l’on s’efforcera de promouvoir une culture judéo-chrétienne et une spiritualité s’y rattachant.

On fera tout pour dissiper les préjugés contre l’Eglise notamment qu’un Juif qui a embrassé la religion chrétienne aurait abandonné son Peuple.

Au contraire, comme tout chrétien, “il doit remplir avec intelligence, conscience et fierté les devoirs d'un noble patriotisme, donnant à la patrie terrestre toute la mesure qui lui est due d'amour, de dévouement et de collaboration”. (Pie XII, Summi Pontificatus, 1939).

Bien plus, comme Chrétien issu du Judaïsme, il doit prendre conscience de sa vocation particulière dans l'Eglise et au sein de son peuple et assumer la responsabilité qui en découle. »

A cette époque, les catholiques du monde entier assistaient à la messe en latin. Cela ne changerait qu’à la fin du Concile Vatican II, en 1965. Mais ici, en terre d’Israël, il nous semblait désirable de pouvoir prier en hébreu, langue de la Bible, dans laquelle priait Jésus.

Dès 1954 Yohanan (religieux) rencontra à ce sujet le Cardinal Tisserant à Rome. Il était Préfet de la Congrégation pour les Eglises d’Orient. Historien érudit, il sentait l’importance de la naissance d’une telle communauté hébraïque et soutenait l’idée de la prière en hébreu. Il suggéra alors l’utilisation du rite syrien araméen antique (utilisé chez les chrétiens de Syrie et d’Iraq depuis les premiers siècles du christianisme). Il donna l’autorisation de l’utiliser et permit de dire en hébreu une grande partie de la messe. C’est ainsi que la première messe en hébreu en Israël fut célébrée par Yohanan à son arrivée à Haïfa le 21 mars 1956. A Noël 1956, la messe était célébrée en hébreu chez les Petites Sœurs de Jérusalem, avec un chant de Noël en hébreu sur une mélodie juive ("Har’ifu shamaïm").

Mais un an après, en 1957, il était clair que ce n’était pas la solution idéale ; le Cardinal Tisserant lui-même suggéra de revenir au rite latin comme base (qui était connu des chrétiens d’Israël), et il demanda au Pape Pie XII la permission exceptionnelle de célébrer la messe en hébreu, alors que le monde catholique continuait de prier en latin.

A la suite de cette décision commença tout un effort de traduction, d’adaptation, encouragé par le Cardinal Tisserant. Dans le cadre de ce travail, il y eut aussi une traduction du Nouveau Testament en hébreu moderne en collaboration avec les Protestants.

Le caractère spécial de notre qehilla

Très tôt, dès les débuts des activités de l’"Œuvre", on a senti que cette nouvelle communauté de chrétiens avait un caractère particulier et un rôle spécial au sein de l’Eglise catholique. Cela est sensible dans les passages des statuts cités ci-dessus (quoique ces statuts aient été rédigés 10 ans avant les innovations du Concile Œcuménique), dans des expressions telles que : “l’on s’efforcera de promouvoir une culture judéo-chrétienne et une spiritualité s’y rattachant”, ou que : “il doit prendre conscience de sa vocation particulière dans l'Eglise”.

Peu à peu les membres ont pris conscience du double rôle de leur qehilla, en fait les deux facettes d’un même rôle, d’un même effort :

Il s’agit de prier et parler de notre foi dans un langage proche de celui des premiers chrétiens, sans les divers développements qui furent rendus nécessaires lorsqu’ils se tournèrent vers les peuples grec, latin, germanique (et l’ensemble des nations) au cours des siècles. Cela était légitime dans ce contexte, afin de donner accès à la nouvelle foi, cependant cette adaptation n’est pas nécessaire à qui retourne à la terre d’origine du peuple et de la culture d’où tout est parti. Les deux facettes du rôle de la qehilla sont :

1) Trouver une expression plus adaptée à notre milieu, ce qui n’est pas une tactique missionnaire, une manière de "plaire aux Juifs": c’est d’abord un besoin personnel chez nous, Chrétiens vivant dans notre peuple, sa langue, sa tradition. Nous-mêmes ne pouvons plus prier comme en Europe dans le passé. Et c’est en outre un devoir d’exprimer notre foi de façon qui n’induise pas en erreur les gens qui nous entendent (ou lisent nos livres de prière et de réflexions). On y reviendra.

2) On peut être par là un exemple de retour aux sources, à la Bible, à la pensée sémitique des premiers disciples, pour le reste des Chrétiens dans le monde. Non que ce soit notre but. Il vaut mieux oublier cela dans notre vie quotidienne et ne pas penser à réformer le monde ! Mais bien des Chrétiens de passage nous ont dit l’importance symbolique de notre présence, et ce que notre recherche leur apportait, et en fait ils attendent de nous quelque chose de cet ordre. Cf plus bas la citation de Mgr Rossano.

C’est bien ce qu’ont senti et exprimé, dans divers écrits, lettres ou conversations, plusieurs hommes d’Église. Qu’il nous suffise de quelques exemples :

- Le Cardinal Daniélou, jésuite historien, dans l’article Judéo-christianisme de l’Encyclopedia Universalis, 1971 :

« Le christianisme ayant acquis maintenant cette universalité, le problème est précisément la carence de son expression judaïque, comme l’un des aspects de cette universalité. […] Dès lors que la bonne nouvelle a été annoncée aux nations, la possibilité d’une branche judéo-chrétienne de l’Église se pose à nouveau. »

- Le Cardinal Tisserant, à Rome, encourageait l’adaptation d’un rite spécial indépendant et les recherches que nous faisions.

- Le Cardinal Martini, archevêque de Milan, exégète jésuite connu, a dit au cours de deux congrès :

« Je suis convaincu qu’une connaissance en profondeur du judaïsme est vitale pour l’Eglise non seulement pour surmonter l’ignorance séculaire et favoriser un dialogue fructueux, mais aussi pour approfondir sa compréhension d’elle-même.

[...] Tout schisme et division dans l’histoire du christianisme prive l’Eglise de contributions qui auraient pu être précieuses, et cela produit une certaine carence dans l’équilibre vital de la communauté chrétienne. Si cela est vrai pour toute grande division, ce l’est en particulier dans le cas du premier grand schisme qui a privé l’Eglise de l’aide qui lui serait venu de la tradition juive.

[…] Les racines juives nous ont manqué, et cette blessure est encore ouverte. C’est seulement en retournant à Jérusalem que l’Eglise réussira à guérir. » (Congrès de 1984 et 1993).

Le Cardinal Ratzinger, responsable à Rome de la Doctrine de la Foi, a répondu par lettre à un membre des qehillot :

« Le noyau de vos réflexions touche la question de l'Eglise issue de Juifs et de païens, la question d'une Eglise qui renaît à partir des Juifs et celle de la nouvelle signification que Jérusalem doit avoir pour l'Eglise, à partir du moment où il n'y a plus seulement l'Eglise des païens, mais l'Eglise totale issue de Juifs et de païens, sur laquelle les épîtres pauliniennes mettent précisément un si fort accent. (...) Je crois pouvoir tirer de votre lettre, comme un postulat concret, la nécessité suivante: l'extension de l'Eglise qui retrouverait sa double structure originelle doit s'accomplir de nouveau et doit de nouveau façonner l'Eglise de l'intérieur. »

Lorsque ce même Cardinal Ratzinger entendit le P. Daniel de Haïfa expliquer que nous ne pouvons dire en hébreu “Mère de Dieu” en hébreu, il lui répondit :

« Oui, bien sûr, pour vous, c’est spécial. […] Vous devez pouvoir exprimer votre foi dans un langage plus restreint [auf eine schmählere Weise.] »

L’exégète jésuite Francesco Rossi de Gasperis, qui enseigne à Rome et Jérusalem le TaNaKh et le Nouveau Testament, disait dans le même esprit :

« Vous devez pouvoir exprimer votre foi en hébreu dans le vocabulaire de la Bible et du Nouveau Testament. »

Parmi ceux qui ont compris la situation, il y a également le P. Arranz, Jésuite spécialiste de l’histoire des liturgies à Rome. Après avoir autrefois étudié à Jérusalem, il y est revenu pour deux semaines de conférences sur la liturgie, et s’est intéressé à nos problèmes. Après-coup, il nous a écrit :

« La vraie question est de savoir si l'on a le devoir de donner un témoignage, courageux et fidèle en même temps, aux israéliens et aux arabes de chez vous qui vous regardent pratiquer une religion “européenne”, étrangère. »

Et il nous encourageait dans nos recherches en disant « Il n’y a que vous ici qui puissiez trouver la voie.»

Trois Pères Blancs d’Afrique, venus étudier à Jérusalem, exprimèrent leur déception après avoir assisté à une messe à Saint Isaïe: « On s'attendait à quelques chose de plus original, plus inculturé... ».

Une Petite Sœur chaldéenne d'Irak, de passage à Jérusalem, nous dit : « Comment, vous n'avez pas votre rite propre ici?! »

Un témoignage plus important encore est celui de Monseigneur Rossano, alors Préfet de la Congrégation pour la propagation de la Foi (dans toute l’Église), chargée à Rome des églises du Tiers-Monde. De passage en Israël avec ses collaborateurs, lors d’une visite à Haïfa, il leur désignait le P. Daniel en ces termes : « Voilà un exemple d’inculturation. Prenez exemple sur lui. » Quelques jours après, le Professeur Marcel Dubois invita chez lui à Jérusalem Daniel et Yohanan afin de rencontrer ce même Mgr Rossano. Après lui avoir expliqué quelques-unes de ses idées, Daniel ajouta : « Que se passera-t-il, si nous exprimons notre foi chrétienne dans un langage antérieur à Constantin? » il répondit: « Vous rencontrerez beaucoup de gens qui seront heureux de recevoir cela en Europe. »

Dans le Nord de la France, à l’Abbaye de Vicq, il y avait un Abbé bénédictin qui était un des spécialistes en liturgie que le Pape Pie XII avait invités à Rome afin de préparer le nouveau rite de la Veillée Pascale. Il y a quelques années, il vint en Israël pour un pèlerinage, et rencontra le P. Daniel à Haïfa. Daniel lui exposa sa conception de la veillée pascale comme renouvellement des vœux du baptême, qu’il avait une fois exprimé comme un renou¬vellement de l’alliance, etc. Après une longue conversation, le vieux moine lui dit avec enthousiasme : « Mais c’est très intéressant! Comme c’est dommage que nous n’ayons pas su cela avant de travailler à la réforme à Rome. »

En outre, à propos des questions de liturgie, citons deux réactions intéressantes ; quoiqu’à des époques différentes de l’histoire, elles sont assez semblables et nous ouvrent les yeux :

– St Augustin de Canterbury, apôtre de l’Angleterre en 600, consulta le Pape Grégoire le Grand au sujet du texte de la prière à donner aux Anglais. Le Pape lui envoya les textes utilisés à Rome. Au bout de quelques temps, Augustin lui renvoya la traduction de ces textes en anglais, et Grégoire écrivit à Augustin : “Mais je n’attendais pas que vous traduisiez mes textes ! Je pensais seulement vous donner des exemples, une source d’inspiration, pour que vous fassiez chez vous quelque chose d’original !”

– Il y a quelques années (1980?), le P. Elie (me semble-t-il), un Carme de Haïfa, écrivit à Rome à Mgr Meijia en demandant que Rome prépare une liturgie hébraïque pour nos qehillot en Israël. Mgr Meijia, alors une figure centrale du Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, se trouva perplexe, en parla au Cardinal Lustiger de Paris, et tous deux répondirent : “Ce n’est pas à Rome de dicter de loin la réponse, il y a une communauté hébraïque en Israël, c’est à elle de chercher sur place ce qui convient.”

***

Toutes ces choses sont sans doute nouvelles pour certains qui viennent à la qehilla chercher comment vivre la foi catholique "à 100%" comme dans le reste du monde, prêts à tout accepter ce qu’on leur propose, et pensant que c’est tout ou rien, un “package deal”. Eux aussi seraient peut-être très heureux d’apprendre qu’il y a une autre possibilité, que l’on peut aussi être un bon chrétien dans un cadre plus adapté à la culture du lieu.

Il y a certainement des membres de nos qehillot qui émettront des doutes, ou qui diront : « Trop grand pour nous! Ne nous demandez pas d’être des pionniers dans ce projet ». Qu’ils se rassurent : il n’est pas demandé à tous d’être impliqués dans cet effort d’innovation, mais il est bon que tous entendent parler de cette possibilité, de cette belle tâche, qui ne sera pas accomplie d’un seul coup. Cela vaut la peine de comprendre la chose et de l’accepter avec joie, ou au moins de ne pas s’opposer. Il y a aussi ceux qui sont habitués à d’autres formes de prière, par exemple depuis leur enfance en Europe, qui seront déroutés et préféreront continuer d’être portés par les formes traditionnelles. Il nous faut respecter le chemin de chacun, ne pas forcer ni brusquer. Du reste, avec le temps, ceux qui sont aujour¬d’hui perplexes pourront comprendre et se joindre au groupe des innovateurs, portés par la conviction que ce projet est aussi valable, peut-être même préférable !

On nous dit parfois : « Mais les membres de la qehilla (y compris les nouveaux) ne veulent pas de changements, ils veulent être "de bons catholiques" à 100%. Cela rappelle – malgré la différence – la réponse d’Aharon à Moïse, en colère à cause du veau d’or : « Mais c’est ce que veut le peuple ! » Est-ce donc le peuple qui décide ? Si ces membres comprenaient qu’autre chose est possible, permis, désirable, qu’il y a un accord total de la part d’hommes qui sont des figures centrales de l’Eglise, il est certain que beaucoup réagiraient ainsi : « Ah, très bien, je ne savais pas que c’était possible, en fait c’est mieux comme cela, je l’accepte avec joie ».

C’est pourquoi il faut dire et redire qu’il y a une mission, une tâche, une ligne officielle propre à la qehilla ; tout ce qui est normal dans l’église romaine n’est pas obligatoire dans la même mesure, et c’est à nous de tendre vers quelque chose d’original qui nous corresponde.

Retour aux sources

Que veut dire retrouver les racines de la foi chrétienne? S’agit-il de la résurrection de l’Eglise des origines, veut-on retrouver la forme de prière et d’expression de la foi des Chrétiens des premiers siècles qui priaient dans une langue sémitique et dans le cadre de la culture juive?

On nous objecte parfois :

– c’est de l’archéologisme, de la restauration d’antiquités, et c’est une tâche impossible : on ne peut reconstituer exactement ce que pensaient et faisaient les premiers Chrétiens.

– il n’y a pas de chose telle qu’un "retour à ce qui était" : on ne remonte pas 2000 ans d’Histoire, en ignorant la vie chrétienne advenue au cours de tous ces siècles.

A ceux qui disent : « On ne sait pas exactement comment c’était au premier siècle », on peut répondre : « Oui, mais on sait avec certitude comment cela n’était pas ! »

Il vaut la peine de rappeler ce que disaient les hommes d’Eglises compétents cités plus haut. Ils y avaient réfléchi, et n’y voyaient pas de problème. Car ils savaient comme nous qu’il ne s’agit pas de restituer à la lettre le passé, ni d’ignorer totalement une tradition vieille de 2000 ans. Voici quelle est notre intention :

- trouver une formulation de notre foi qui soit plus adaptée et plus compréhensible au sein de ce peuple, et une liturgie plus proche de ce qu’a accompli Jésus lors de la dernière Cène, et de la prière juive qui lui était familière (même s’il y a eu, dans le judaïsme aussi, des changements au cours des siècles).

- ne pas importer inutilement des formulations ou des ajouts qui furent introduits au cours des siècles afin d’adapter la foi à son expression dans divers peuples, et au développement de la culture locale (à ce sujet, cf. la description de ce développement dans un ouvrage important : L’Eucharistie, de Jésus aux Chrétiens d’aujourd’hui – III. Histoire de la liturgie eucharistique, par Louis Chauvet.)

A l’origine, la génuflexion était le geste du vassal devant le seigneur qui, au Moyen Âge, lui posait l’épée sur l’épaule et lui confiait une tâche. La fête du Sacré Cœur est ignorée d’autres Églises catholiques non-latines, chez qui elle n’existe pas. Les Chrétiens d’Asie et d’Afrique tentent de ne pas transposer les formes européennes à leur propre liturgie, même s’ils ne sont encore qu’au début du chemin. S’il leur est permis de rechercher une traduction adaptée à leur culture, laquelle est pourtant souvent étrangère à la source du christianisme et éloignée d’elle, combien plus cela nous est permis, à nous qui revenons au lieu d’origine du christianisme.

On peut garder beaucoup de belles choses de la tradition chrétienne, qui s’est enrichie de la vie des saints et des réflexions de grands penseurs – sans y voir des choses qui obligent par leur formulation – et donc se sentir bien dans la famille catholique universelle, et être accueillis par elle comme de vrais frères. Donc il ne s’agit ni d’archéologie, ni d’une division à l’égard du reste du monde catholique.

* * *

Au cours des 50 années écoulées depuis le commencement, il y a eu une vision, et en conséquence il y a eu bien des recherches, des essais, des errements. On a rencontré bien des critiques et oppositions violentes. Il y a eu malgré tout un certain progrès – dans les traductions liturgiques, certaines habitudes et des formulations que l’on n’entend plus. Mais ce n’est qu’un petit commencement.

Tant que nous n’étions pas reconnus et acceptés comme un groupe spécial dans le concert des Églises, pas reconnus dans l’Église locale ni dans l’Église universelle, il était difficile de faire avancer les choses.

Le temps est peut-être enfin venu de retrouver la vision, en voulant être fidèles à notre vocation spéciale dans l’Histoire de l’Église.

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