Un article du journal "HaAretz" sur la nomination du Père Jaeger


Le vendredi 3 juin, "HaAretz" a publié un long article sur le Père David Jaeger, prêtre Franciscain et citoyen israélien, qui a récemment été nommé à la Roman Rota.

Nous avons annoncé il y a quelques semaines (cf l’article de notre site) que le Père David Jaeger, prêtre Franciscain, a été nommé par le Pape Benoît XVI à la Roman Rota, le Tribunal du Vatican, en tant que juge ecclésiastique. Ce matin, le quotidien "HaAretz" a publié un long article consacré au Père David Jaeger et à sa nomination.

Un Juif israélien devenu prêtre Catholique est nommé à la cour papale

David Maria Jaeger, né dans le centre de Tel Aviv et converti au catholicisme, va devenir l’un des prélats auditeurs de la Roman Rota, l’un des plus hauts tribunaux du Vatican pour l’église Catholique.

David Maria Jaeger, un Juif converti et ordonné prêtre de l’Eglise Catholique, va prendre ce matin ses fonctions d’auditeur à la Roman Rota, un Tribunal papal qui est la plus haute cour d’appel de l’ Eglise Catholique.

Jaeger a fait bien du chemin depuis sa jeunesse dans le centre de Tel Aviv. Il a fréquenté l’Ecole élémentaire Bilu, qui était à cette époque une école destinée à la bourgeoisie religieuse sioniste de Tel Aviv , puis a étudié au lycée religieux Zeitlin ; de là, le voici parvenu à la plus haute cour d’appel du Saint Siège.

Sa soeur Leah a fait hier le voyage d’Israël pour assister à l’évènement, apportant avec elle une sculpture de Menashe Kadishman créée spécialement pour le nouvel auditeur. L’artiste a forgé l’image de Jésus sur la croix, avec sa tête au sommet et ses mains attachées des deux côtés.

L’avocat Chaim Stanger, un ami proche de Jaeger depuis l’école Bilu, était également invité, mais il n’a pu assister à l’évènement, étant assigné à résidence depuis quelques mois.

La nomination de Jaeger à la plus haute instance judiciaire du Saint Siège – qui comprend 20 auditeurs choisis par le Pape et dirigés par le Doyen de la Rota Antoni Stankiewicz – peut être considérée comme un signe personnel d’estime, marquant combien le Pape apprécie le travail accompli par Jaeger durant plusieurs années, comme conseiller légal de la délégation qui a négocié l’Accord Fondamental du Vatican avec Israël. Ce pacte, signé en 1993, avait rendu possible dès l’année suivante l’établissement des relations diplomatiques entre les parties.

Jaeger, âgé de 56 ans, est né à Tel Aviv de Gershon, professeur d’histoire légendaire du lycée Ironi A, et de Dvora, qui travaillait comme vice-consul du Brésil en Israël.

"C’était un génie, solidement constitué, intellectuel dès son jeune âge", dit Stanger. "Il parlait de façon inhabituellement mûre pour son âge. Les enfants se moquaient de lui et le frappaient."

Adolescent, continue Stanger, "Jaeger a disparu pendant six ans. " Lorsqu’il est revenu, âgé de 22 ans, et qu’il a revu Stanger, il lui a dit : "Tu sais, désormais j’appartiens à l’Eglise."

"Il y a pour moi un trou noir dans son histoire concernant toute la période entre 16 et 22 ans", dit Stanger. "Il est revenu docteur en théologie et n’a jamais parlé de l’évolution qu’il avait connue. Il m’a dit : ‘Chaim, nous en parlerons lorsque le moment sera venu.’"

Dans les années 1980, Stanger est venu à l’aide de son ami, prenant sa défense dans un reportage fait par la 1e chaîne à propos de Jaeger. Rabbi Shlomo Goren, de la synagogue où le père de Jaeger allait prier, avait attaqué le jeune Jaeger en le traitant de meshumad – un mot insultant pour qualifier un Juif converti à une autre religion, et qui signifie littéralement "détruit".

Jaeger avait demandé à Stanger de le défendre, et ce dernier s’était exprimé ainsi à la télévision : "Une personne ne peut être anéantie, son âme ne peut être tuée."

Stanger note que le père de Jager a continué d’agir "comme s’il ignorait que son fils s’était converti au christianisme, car, selon ce que j’ai compris, ils ne parlaient pas de cela. Mais il était aimé de ses deux parents, et sa mère également lui a prodigué soutien et amour."

Un autre homme est devenu ami de Jaeger : le Prof. Arie Nadler, ancien doyen de l’Institut de Sciences Sociales de l’Université de Tel Aviv. Les deux hommes se sont rencontrés il y a plusieurs années à un congrès universitaire consacré au préjugé.

"Quoique en habit de prêtre Franciscain, il m’a immédiatement semblé familier", a dit hier Nadler. "Il ressemblait tout à fait à son père, mon professeur d’histoire vénéré de Ironi A, qui a été dans ma vie une figure significative et exceptionnelle. Il a commencé à me parler de lui-même, et j’ai trouvé cela passionnant. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, y compris à Rome, et nous sommes devenus amis."

"C’est un homme particulier", continue Nadler. "Il m’a parlé de ses liens profonds avec Israël. Nous n’avons pas été fouiller profondément les raisons de sa conversion au Christianisme. Il n’en parle que par allusion"

Lorsque l’on a demandé à Jaeger hier s’il se sent israélien, il a répondu : "au moins autant que vous", et ajouté : "Je me sens simplement comme n’importe quel citoyen israélien qui travaille dans une organisation internationale située en dehors du pays – je suis dans la même situation que les Israéliens travaillant au Fonds Monétaire International à Washington ou à l’UNESCO à Paris. Je suis dans une organisation internationale supranationale, c’est la seule différence."

"Je suis un fils loyal et patriote de notre peuple et de notre pays", dit-il. "Après tout, c’était précisément ce que voulait obtenir le mouvement d’émancipation juive au 19e siècle : que nous soyons une nation, et non une minorité religieuse parmi les gentils. Une personne peut vivre selon sa conscience, il peut ne croire à aucune religion, ou choisir une croyance plutôt qu’une autre, conformément à sa propre intelligence et à sa propre conscience."

Durant la carrière qui a précédé sa nomination, Jaeger a occupé deux postes importants : conseiller légal du Saint Siège dans les négociations avec Israël et, dans les années 1990, chef du tribunal diocésain d’Austin, Texas, qui régit les causes de droit canoniques telles que l’annulation des mariages.

Durant les vingt dernières années, il a partagé son temps entre Israël, Rome et les Etats-Unis. Il occupera son nouveau poste jusqu’à l’âge de 75 ans.

 

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