Sur le livre "La fille de Tante Lola", par Tirza Devir


Yisca Harani, professeur spécialiste du Christianisme, nous écrit à propos d’un nouveau livre qui vient d’être publié.

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Je m’appelle Yisca Harani et j’enseigne le Christianisme à des publics israéliens. Elle s’appelle Tirza Devir, et elle fait partie des Israéliens qui ont suivi mes cours. Elle vient de publier un livre qui raconte son enfance en Pologne pendant la guerre.

Je suis une Juive qui enseigne le christianisme et la foi chrétienne, mais le christianisme pour Tirza ne relève pas seulement d’un intérêt universitaire. Tirza a reçu le don de la vie de parents juifs, puis a reçu ce don une seconde fois, lorsque sa mère lui a annoncé un jour que désormais ils étaient chrétiens. La première fois que j’ai entendu l’histoire de Tirza en partie, c’était lorsqu’elle est venue me voir à la fin des cours pour me raconter qu’elle avait été élevée comme une chrétienne. J’ai vu une photographie de Tirza en petite fille dans sa robe blanche, avec une guirlande de fleurs dans les cheveux, marchant en procession comme une fiancée du Christ lors de sa Première Communion. J’ai appris qu’elle avait été sauvée grâce à un faux certificat qui lui donnait, à elle et à sa mère, une nouvelle identité – un autre nom, une autre religion : au lieu d’ "Olenka", elle fut appelée "Tereska", et au lieu d’appeler sa mère "mère", elle fut forcée de l’appeler "Tante Lola". A la fin de la guerre, elle a fait son aliyah en Israël et a été obligée encore une fois de changer d’identité, en prenant un autre nom et une autre religion. En Israël, il a été décidé qu’elle s’appellerait Tirza et que sa tante Lola redeviendrait sa mère.

Jeudi dernier, le 21 novembre 2013, une soirée a été organisée dans notre bibliothèque de quartier, à Tel Aviv, pour célébrer la publication du livre. Des dizaines d’invités se pressaient, dont beaucoup de survivants de l’Holocauste, et beaucoup de Polonais. L’histoire et la personnalité de Tirza étaient au centre de l’expérience : et elles ont conquis tous les cœurs, car elles sont toutes deux aussi innocentes que cette petite fille qui raconte l’histoire. La petite-fille de Tirza a lu des passages du livre. L’illustratrice Nurit Tsarfati a expliqué son travail et Hani Levana (auteur pour la jeunesse) a animé avec talent la soirée et interviewé Tirza. J’ai parlé de la cérémonie de Première Communion.

L’histoire de cette petite fille est extrêmement humaine, sa simplicité et son innocence sont la clé de la grandeur humaine qui se révèle ici. C’est une histoire de survie, dans laquelle le courage de la mère et la joie de la fille sont à l’œuvre. Il est dur d’avoir à me rendre compte que ceux qui suivent mes cours, assis face à moi, ont des vies qui sont des livres entiers, des histoires tumultueuses qui secouent. Il est rare que j’aie le privilège de lire quelques pages de ces histoires.

Plus que tout, j’ai rencontré dans cette histoire la petite fille pour qui le christianisme a été un déguisement dont elle avait besoin ; il représentait le rêve d’être comme tout le monde - "une vraie polonaise" ! Le christianisme était blanc et solennel, avec un arbre de Noël et un rituel d’Eglise plein de parfums et de belles décorations – c’est ce christianisme que Tirza a dû abandonner quand elle est arrivé sur les rives de la Terre d’Israël, et qu’elle est entrée dans un kibboutz. J’ai été étonnée de découvrir une histoire dans l’histoire : l’histoire du prix de la liberté dans sa patrie – ce prix est de perdre la magie du christianisme.

Au cours de la soirée, Tirza a répondu à la question de quelqu’un qui lui demandait si elle était juive ou chrétienne : « Je suis israélienne », a-t-elle répondu. « « Chaque fois que j’ai la chance d’entrer dans une église – même si je ne crois pas en Jésus – je sens que c’est comme si j’y appartenais toujours… »

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