Ceux qui prient ensemble restent ensemble


Le 31 octobre 2013, l’édition anglaise du journal HaAretz a publié un article d’un rabbin juif, Elyahu Fink, sur la prière dans la famille. L’article est passionnant également pour des lecteurs catholiques.

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Les offices séparés destinés aux jeunes se privent par principe de la meilleure ressource pour l’instruction et la motivation religieuses : les parents et les religieux plus âgés.

Par Elyahu Fink

Les communautés juive et chrétienne se sont longtemps battues pour que la religion touche les jeunes et les adolescents. L’une des solutions que les deux communautés ont essayé de mettre en œuvre pour combattre le problème de la perte d’intérêt des jeunes était de proposer un programme alternatif pour les jeunes.

Mais une étude récente a montré que cette approche ne fonctionne pas.

Le Centre National pour les Eglises qui intègrent toute la Famille a découvert que si les groupes de jeunes ne marchent pas, cela pourrait bien être parce qu’ils échouent à motiver les participants. Un article sur ce sujet dans Charisma Magazine affirme qu’éloigner les enfants des parents et des figures sacerdotales plus âgées de l’église pourrait bien être ce qui entrave la capacité qu’a l’église de toucher les jeunes. L’article montre que les parents et les prêtres sont les meilleures ressources de l’instruction et de l’inspiration religieuse. C’est pourquoi le recours à des religieux jeunes ou à des guides tiers soustrait de l’équation la meilleure ressource.

C’est une norme établie dans les synagogues orthodoxes en Amérique d’organiser des groupes de jeunes et des offices de Shabbat avec un minyan de jeunes ; cette norme est fondée sur la supposition que ces groupes sont profitables aux jeunes et adolescents qui y assistent. Mais si nous considérons les recherches du Centre National pour les Eglises qui intègrent toute la Famille, nous comprenons que cette sagesse conventionnelle pourrait bien être en fait fausse. Les enfants appartiennent à la synagogue avec leurs parents et les synagogues doivent être des lieux qui accueillent les jeunes.

Les programmes pour les jeunes ont une plus grande place encore dans les synagogues qui sont moins ultra-orthodoxes. Dans les synagogues haredi, les enfants restent dans la synagogue pour la plus grande partie. Dans la plupart des synagogues orthodoxes modernes, seuls les adultes prient dans le sanctuaire principal. Le fait de s’occuper des enfants est pour beaucoup de synagogues un attrait déterminant, et pas seulement pour les bébés et les petits, mais également pour les enfants plus agés.

Je pense que nous faisons une erreur en séparant les offices selon l’âge. Les enfants doivent participer à l’expérience de la synagogue. Ils doivent voir leurs parents comme des modèles de prière. La synagogue doit s’enraciner dans leur conscience religieuse. Les enfants doivent se sentir les bienvenus dans la synagogue. Tout le monde a besoin d’apprendre à prier et à participer aux prières. Il ne peut pas être agréable d’être jeté au dehors du sanctuaire comme si l’on était indésirable dans la synagogue. Chaque fois que nous faisons sortir nos jeunes de la synagogue, nous créons des associations négatives dans leurs esprits.

Bien plus, les critiques à l’égard des groupes de jeunes et des tentatives vaines pour motiver nos adolescents ont tendance à se focaliser sur les activités mises en œuvre. On pense que la bonne personne, ou la bonne somme d’argent, ou le programme parfait, suffiraient à ce que tous soient enthousiasmés par leur judaïsme.

Mais il semble évident que la pauvreté des activités ne soit pas le problème. On peut extrapoler à partir de l’étude chrétienne, et dire que la seule existence de ces programmes pour jeunes est peut-être un problème.

Il y a des devoirs des parents qu’on ne peut déléguer. Nous pouvons embaucher quelqu’un pour enseigner à nos enfants à faire des mathématiques, à taper dans un ballon de football, ou même pour accumuler des connaissances et de la sagesse sur la Torah. Mais la passion du judaïsme et la spiritualité doivent venir de chez nous. Elles viennent des mères et pères qui s’occupent de leurs enfants, et s’occupent aussi de leur judaïsme. La passion et la motivation ne peuvent pas s’enseigner. Elles doivent être léguées en main propre.

Il n’y a pas de quoi s’étonner si la Torah répète que la Torah soit être enseignée par les parents aux enfants. « Interroge ton père, et il te l'apprendra »(Deutéronome 32 :7) n’est pas un simple conseil ; c’est la manière sont le judaïsme passe d’une génération à la suivante. La passion et la motivation requièrent une relation profonde, longue, personnelle, comme la relation des parents avec les enfants.

L’un des lieux les plus importants où les parents peuvent montrer cette passion et la transmettre à la génération suivante est la synagogue. Ne manquons pas cette opportunité. Nous n’avons qu’une seule chance d’élever nos enfants. Nous ne pouvons nous permettre de la laisser passer.

Mère Teresa a dit dans une phrase célèbre : « La famille qui prie ensemble reste ensemble ». Une partie du fait de rester ensemble consiste à garder vive et brûlante la flamme juive. Prier ensemble est un outil vital pour notre tâche, et nous devons chercher à accroître ces opportunités. Au lieu de reléguer nos enfants dans d’autres pièces et dans des activités superficielles, et de déléguer notre rôle de parents à des accompagnateurs moins qualifiés, nous devrions nous saisir de ces quelques heures que nous passons avec nos enfants à la synagogue. Prions ensemble.

Le rabbin Elyahu Fink est le rabbin du célèbre Pacific Jewish Center.

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