Le Pape à un athée : un dialogue


Le 11 septembre 2013, le Pape François a publié dans le journal italien "La Repubblica" une lettre dans laquelle il répond à une lettre du Dr. Eugenio Scalfari, fondateur du journal et athée déclaré. Nous publions quelques extraits de cette lettre.

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Pour moi, la foi est née de ma rencontre avec Jésus. Une rencontre personnelle, qui a touché mon cœur et donné à mon existence une direction et une nouvelle signification. Mais en même temps une rencontre qui a été rendue possible par la communauté de foi dans laquelle j’ai vécu, et grâce à laquelle j’ai trouvé accès à l’intelligence de l’Ecriture Sainte, à la nouvelle vie qui, comme de l’eau jaillissante, coule de Jésus à travers les Sacrements, vers la fraternité avec tous et au service des pauvres, image vraie du Seigneur. Croyez-moi, sans l’Eglise je n’aurais pas pu rencontrer le Christ, dans la conscience que ce don immense qu’est la foi est gardé dans les frêles vases d’argile de notre humanité.

C’est précisément en commençant de ce point-là, de cette expérience personnelle de la foi vécue dans l’Eglise, que je puis me sentir à l’aise en écoutant vos questions et en cherchant, avec vous, les moyens par lesquels nous pourrions, peut-être, commencer à faire un peu de chemin ensemble.

[…]

C’est pourquoi il faut se confronter avec Jésus, je dirais, dans le caractère concret et brut de son avènement, ainsi qu’il est raconté en particulier dans le plus ancien des Evangiles, celui de Marc. On voit donc que le scandale que la parole et les actes de Jésus ont causé autour de lui venaient de cette extraordinaire "autorité". Ce mot de l’Evangile de Marc n’est pas facile à traduire en italien. Le terme grec est "exousia", qui signifie littéralement ce qui "provient de l’être", qui est. Il ne s’agit donc pas de quelque chose qui vient de l’extérieur, qui est forcé, mais de quelque chose qui émane de l’intérieur et qui s’impose. Jésus, en fait, surprend –il le dit lui-même - en parlant sa relation avec Dieu, qui appelle Abba, et qui lui donne cette autorité afin qu’il l’exerce en faveur de l’homme.

Ainsi Jésus prêche « en homme qui a autorité », guérit, appelle les disciples à le suivre, pardonne… toutes choses qui, dans l’Ancien Testament, sont de Dieu et de Dieu seul. La question qui revient le plus dans l’Evangile de Marc, et qui porte sur l’identité de Jésus - « Qui est-il pour… ? » - naît de l’attestation d’une autorité différente de celle du monde, une autorité qui n’a pas pour fin d’exercer du pouvoir sur les autres, mais de les servir, de leur donner liberté et plénitude de la vie. Et ce, au point de risquer sa propre vie, jusqu'à faire l'expérience de l’incompréhension, de la trahison, du rejet, d’être condamné à mort, et jeté, abandonné, sur la croix. Pourtant, Jésus est resté fidèle à Dieu, jusqu’à la fin.

Et c'est précisément alors — comme s’écrie le centurion romain au pied de la croix, dans l'Evangile de Marc – que Jésus se révèle, paradoxalement, comme le Fils de Dieu ! Fils d'un Dieu qui est amour et qui veut de tout son cœur que l'homme, chaque homme, soit découvert et vive comme son vrai fils, lui aussi. Ce qui, selon la foi chrétienne, est certifié par le fait que Jésus est ressuscité : non pour triompher de ceux qui l’ont rejeté, mais pour témoigner que l'amour de Dieu est plus fort que la mort, que le pardon de Dieu est plus fort que tout péché, et que cela vaut la peine de donner sa vie, jusqu’au bout, pour témoigner de ce don immense.

[…] Vous me demandez également, à la fin de votre premier article, que dire à nos frères juifs au sujet de la promesse faite par Dieu : celle-ci aurait-elle complètement échoué ? Cette question — croyez-moi — nous interpelle radicalement, en tant que chrétiens, parce qu’avec l'aide de Dieu, surtout depuis le concile Vatican II, nous avons redécouvert que le peuple juif est toujours, pour nous, la sainte racine d’où est né Jésus. Aussi, dans l'amitié que j'ai cultivé pendant toutes ces années avec mes frères juifs en Argentine, plusieurs fois j'ai interrogé Dieu dans la prière, avec à l’esprit en particulier le souvenir de la terrible expérience de la Shoah. Ce que je peux dire avec l'Apôtre Paul, c'est que Dieu n'a jamais manqué à la fidélité de son alliance avec Israël et, à travers les terribles épreuves de ces siècles, que les juifs ont conservé leur foi en Dieu. Pour cela, nous ne leur serons jamais assez reconnaissants, en tant qu’Eglise, mais aussi en tant qu’humanité. Ils ont ensuite, tout en persévérant dans leur foi au Dieu de l'alliance, rappelé au monde, y compris aux chrétiens, que nous sommes toujours dans l’attente, comme des pèlerins, du retour du Seigneur, et que donc nous devons toujours être ouverts à lui et jamais retranchés (arroccarci) dans nos œuvres passées.

[…]L'Église, croyez-moi, malgré toutes ses lenteurs, ses infidélités, ses erreurs et les péchés qu'elle a pu commettre à travers ses membres, n'a pas d'autre sens et de but que celui et celle de vivre et de témoigner de Jésus : Celui qui est a été envoyé par « Abba » porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et rendre la vue aux aveugles, libérer les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur (Lc 4, 18-19 ).

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