Tragédie et grâce à Tel Aviv


P. Roch Boulanger osm, un prêtre qui travaille dans le Pastorale avec les Migrants décrit comment Dienes Ilona est bénie par l'Église à la morgue de Tel Aviv.

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Qui n'aura pas entendu parler de la tragédie du dimanche 4 août, alors qu'à Tel Aviv, on découvre en une valise abandonnée certains restes d'un corps de femme dépecée et méconnaissable? Depuis, cette dame a été identifiée, sa famille proche a été rejointe et son assassin emprisonné.

Cette dame, Ilona Dienes, quarante-cinq ans, était veuve. Hongroise de Roumanie, elle était catholique. Sa fille unique de 24 ans, qui porte aussi le nom de Ilona Dienes, est venue en Israel pour l'incinération de sa mère, en vue de ses funérailles en village natal. Elle demande à l'ambassade de Roumanie qu'un prêtre parlant hongrois puisse se rendre à la morgue centrale de Tel Aviv afin d'y prier avec elle pour le salut de sa mère. On contacte alors le Père Cristian Vacaru à Jérusalem, aumônier pour les Roumains en Israel, qui à son tour me contacte et me demande de bien vouloir présider à ce rituel liturgique d'accompagnement, qui a eu lieu vendredi matin le 23 août.

L'Évangile de Matthieu (27, 57-60), relatant que Joseph d'Arimathie, sur autorisation de Pilâte avait procédé à la sépulture de Jésus, devint pour notre petite assemblée à la morgue, une source de lumière, de consolation et d'espérance. Ne faisions-nous pas pour Ilona, ce que Joseph d'Arimathie avait fait pour Jésus? Ensemble, nous avons rappelé le baptême de la défunte: un linge blanc, une chandelle, un crucifix, l'eau bénie, l'encens, et nous avons intercédé pour la défunte et pour les siens, et prié, à gré, Notre Père qui est aux cieux. N'arrivera-t-il pas à Ilona, de quitter son tombeau pour prendre part au banquet du Royaume, où Jésus s'est engagé à préparer une place à ses disciples? Soyons unis dans la prière...

Pour ma part, je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je puisse être contacté par un prêtre roumain, en anglais, puis en italien, ignorant de moi, que je sois canadien français parlant le hongrois, et moi ignorant de lui qu'il parlait le français, pour l'aider à trouver un prêtre parlant hongrois en vue des funérailles d'une hongroise de Roumanie tuée à Tel-Aviv par un homme de citoyenneté turque. Qui m'eut dit que pour cette liturgie, nos allions nous retrouver à cinq personnes de trois citoyennetés différentes, soit deux israéliens (le médecin légiste et le chauffeur mis à ma disposition), deux hongroises de Roumanie (Ilona, fille, accompagnée d'une voisine, amie de sa défunte mère), et moi (canadien-français). Revenant au chauffeur, il est né de père juif et de mère roumaine orthodoxe, en Roumanie et devenu citoyen canadien avec sa famille, avant d'immigrer finalement en Israël. Revenant au médecin légiste, il est lui aussi né de père juif en Roumanie, mais de mère hongroise, laquelle était de confession réformée. Nos échanges se déroulaient tour à tour en hébreu, en hongrois, en roumain et en anglais. Que d'histoires de guerres et de conflits nous ont marqués avant que nous en arrivions à vivre cette liturgie ensemble.

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