Les Juifs au Concile Vatican II


« La déclaration sur les Juifs, au chapitre 4 de la Déclaration sur les religions non-chrétiennes (Nostra Aetate), promulguée par le Pape Paul VI le 28 octobre 1965, fut approuvée par les pères concilaires en un vote de 2132 contre 88. Malgré la quasi-unanimité, la déclaration a soulevé la plus grande contestation que les évêques aient eu à affronter en quatre années de délibérations. Elle n’aurait pas du tout été prise en compte sans l’intervention directe de Jean XXIII. Six ans plus tôt, alors qu’il réfléchissait à des idées pour le Concile, presque aucun des théologiens n’avait suggéré que l’Eglise s’exprime sur les Juifs, et sans la directive donnée par le Pontife au cardinal allemand Augustin Bea, le Concile aurait très bien pu garder le silence sur ce sujet. Même les théologiens du pays de l’Holocauste ne manifestaient pas d’intérêt. En 1961, le journal catholique Wort und Wahrheit fit une enquête auprès des lecteurs, leur demandant ce qu’ils attendaient du Concile. Seulement trois des 81 réponses mentionnaient la question des relations de l’Eglise et du peuple juif. L’une d’entre elles émanait des frères Dominicains de Wallberg ; les autres venaient de Karl Thieme et John Oesterreicher.

À son tour, le Pape Jean aurait pu ne pas demander une déclaration sur les Juifs sans l’intervention en 1960 d’un survivant de l’Holocauste, Jules Isaac. Cela ne signifie pas que le Pape n’avait pas d’intérêt pour cette question. Son souci des relations judéo-chrétiennes datait de son service en temps de guerre comme Nonce en Turquie, où il témoigna de la détresse des survivants de l’Holocauste, et aida 25 000 d’entre eux en fournissant des vêtements, des papiers d’identité, et de l’argent, en sorte qu’ils puissent continuer leur chemin vers la sécurité. Peu après être devenu Pape, il fit modifier l’un des plus terribles affronts faits aux Juifs dans la liturgie catholique, les oraisons du Vendredi Saint dans lesquelles les catholiques demandaient que les « Juifs perfides » connaissent enfin la lumière. Cependant, en dépit de son évidente compréhension de la nécessité pour l’église de réviser l’enseignement sur les Juifs, Jean n’aurait sans doute pas exigé de déclaration du Concile si Jules Isaac ne s’était pas livré à un plaidoyer passionné durant une audience de juin 1960. Isaac avait perdu sa femme, sa fille et son gendre pendant l’Holocauste, et selon les sources connues, c’est ce plaidoyer d’Isaac qui fit la différence.

Jean XXIII remit ensuite les choses entre les mains du cardinal Bea, ami de la Freiburger Rundbrief, directeur du Secrétariat pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens au Concile, qui produisit les déclarations sur l’œcuménisme, la liberté religieuse et les relations aux autres religions. Bea forma une sous-commission pour étudier la question juive, à laquelle il assigna deux pionniers qui avaient contribué au Cercle de Freibourg : Mgr John M. Oesterreicher, de la Seton Hall University, et Abbé Leo Rudloff, originaire d’une famille juive allemande, qui a fondé les abbayes bénédictines de Jérusalem et de Nouvelle Angleterre. Le brillant moine Gregory Baum, expert en œcuménisme, qui était en relation avec Oesterreicher et Karl Thieme depuis la fin des années 50, les rejoignit. Baum, d’une famille protestante de Berlin, d’origine juive, s’était échappé d’Allemagne en 1939 avec un transport d’enfants, et s’était après la guerre converti au catholicisme au Canada, où il vit encore à ce jour. À la fin de l’année 1964, la sous-commission s’était élargie et comprenait sept prêtres de plus ».

Parmi ces prêtres, Mgr Antonius Ramselar, fondateur du Concile Catholique pour Israël (néerlandais), George Tavard, Barnabas Ahern, Pierre Benoit (Dominicain de l’école Biblique, Bruno Hussar (Dominicain de la Maison Saint Isaïe et pionnier des kehillot en Israël), Nicolaus Persich, Thomas Stransky (qui fut longtemps recteur de l’Institut Tantur à Jérusalem).

Soutenez-nous Contactez-nous Vatican News en Hébreu La messe en hébreu Pour la protection des enfants


© 2020 Saint James Vicariate for Hebrew Speaking Catholics in Israel