Parabole des vignerons homicides: éviter l’écueil d’une lecture anti-juive


Ce dimanche, 27e dimanche du temps ordinaire, nous lisons la parabole des vignerons homicides (Mt 21 :33-43). Dans son commentaire, le Père Tom Rossica insiste sur la nécessité d’éviter une lecture anti-juive de cette parabole. Merci à T. de Haïfa de nous avoir envoyé ce commentaire, publié sur ZENIT.

« Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon. Finalement, il envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. Mais voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l'héritage ! Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?" On lui répond : " Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. " Jésus leur dit : " N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. »

Nous devons éviter l’écueil d’une lecture antisémite de cette parabole. La première lecture de ce texte consiste à y entendre une invective prophétique adressée par un Juif à d’autres Juifs. Nous devons nous concentrer, non pas tant sur ce que le passage dit explicitement des chefs juifs, que sur ce qu’il implique quant aux Chrétiens. Les "autres" à qui la vigne est échue (verset 41) sont responsables devant le propriétaire. Eux aussi sont chargés de la lourde responsabilité de produire les fruits du royaume (43).

Dans l’homélie qu’il a faite lors de la messe d’ouverture du XIIe Synode des Evêques sur "La Parole de Dieu dans la Vie et la Mission de l’Eglise", le 5 octobre 2008, Benoît XVI a magnifiquement parlé de la parabole d’aujourd’hui : "A la fin le propriétaire du vignoble fait une dernière tentative : il envoie son fils, convaincu que du moins lui, ils l’écouteront. Cependant c’est le contraire qui se produit : les locataires le tuent parce qu’il est le fils, l’héritier, et sont convaincus qu’ils pourront sans peine prendre possession de la vigne. Nous assistons donc à un saut qualitatif par rapport à l’accusation de violation de la justice sociale, telle qu’elle se dessine dans le livre d’Isaïe. Nous voyons clairement ici comment le dédain à l’égard de l’ordre donné par le propriétaire se transforme en mépris à son égard : il ne s’agit pas d’une simple désobéissance à un précepte divin, mais bel et bien d’un véritable et rejet de Dieu ; c’est là qu’apparaît le mystère de la Croix."

"Mais il y a une promesse dans les mots de Jésus : la vigne ne sera pas détruite. Tandis que le propriétaire abandonne les vignerons infidèles à leur destin, il n’abandonne pas sa vigne et il la confie à des vignerons fidèles. Ainsi, quoique en certaines régions la foi s’affaiblisse au point de disparaître, il y aura toujours d’autres peuples prêts à l’adopter. C’est pourquoi Jésus, citant le Psaume 117 (118) : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (v.22), nous assure que sa mort ne représentera pas la défaite de Dieu. Une fois tué, il ne demeure pas dans le tombeau ; bien plutôt, ce qui semblait une défaite totale marque le début d’une victoire définitive. Sa passion et sa mort terribles sur la croix seront suivies de la gloire de la Résurrection. La vigne continuera donc de produire du raisin, et le propriétaire la cèdera en fermage à « d’autres vignerons qui en remettront le produit en temps voulu » (Mt 21 :41). "

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