Fête des Saints Siméon et Anne – le 3 février.


Lucia de la communauté de Jérusalem raconte l’histoire des saints Siméon et Anne, qui accueillirent Jésus lorsque ses parents le présentèrent au Temple. On célèbre leur fête le lendemain de la fête de la Présentation de Jésus au Temple.

Selon l’évangile de saint Luc, au chapitre 2, Marie et Joseph amenèrent leur nouveau-né Jésus au Temple de Jérusalem selon les prescriptions de la Loi. Ils furent accueillis par les Anciens, Siméon et Anne, deux figures emblématiques à découvrir.

Voici ce que dit Luc à propos de Siméon, dont le nom veut dire «Dieu a entendu». «Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui.» (2,25) Avare de détails, le verset suivant donna prise à des récits légendaires : «Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.» (2,26) Un «midrash chrétien» se forma pour expliquer comment eut lieu cette révélation. La  légende identifie Siméon, originaire d’Égypte, à l’un des soixante-dix sages que le roi Ptolémée II Philadelphe (285 – 246 A.C.) avait chargés de traduire la Bible hébraïque en langue grecque, traduction dite La Septante. En traduisant Isaïe, arrivé au verset : «Voici que la vierge est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel.» (Is 7,14), Siméon fut envahi par le doute et crut à une erreur du texte. Sur le point de corriger le texte et de remplacer le mot «vierge» par celui de «femme», un ange lui apparut, lui saisit la main et dit : «Crois à ce qui a été écrit et tu seras témoin de sa réalisation; tu ne mourras pas avant d’avoir vu celui qui naîtra d’une vierge, le Christ du Seigneur.» Dès lors, Siméon attendit l’accomplissement de la prophétie.

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Cette attente durait depuis très longtemps, lorsque, à l’âge de 360 ans, «il vint au Temple poussé par l’Esprit; et quand les parents de l’enfant Jésus l’amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes : Maintenant, Maître, c’est en paix, comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple.» (Lc 2, 27-32) L’Esprit Saint lui ayant permis de reconnaître en cet enfant ordinaire le Messie d’Israël, Siméon bénit Joseph et Marie et il dit à Marie : «Cet enfant est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs.» (Lc 2,34-35)

Toujours selon cette légende, Siméon mourut peu après. Au VIe siècle on transféra ses reliques à Constantinople où elles furent conservées en l’Église de Saint Jacques, érigée sous l’Empereur Justinien. Les pèlerins y ont attesté la vénération de ses reliques jusqu’au XIIIe siècle.

Il appert que la légende de Siméon revêt un caractère symbolique et ne prétend pas à  l’historicité. Bien que certains Pères de l’Église aient contesté cette histoire, elle n’en conserva pas moins la faveur populaire. 

Une autre tradition tient Siméon pour le fils de Hillel et le père de Gamaliel, celui-là même auprès de qui Saül de Tarse, le futur Apôtre Paul, reçut son enseignement. (Ac 22,30) Toutefois, les traditions plus conservatrices affirment que Siméon n’était ni prêtre, ni Pharisien, mais simplement un ancien, pieux et juste, âgé de 112 ans, qui attendait, comme bien d’autres, la «consolation d’Israël».

«Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge; après avoir vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve et avait atteint l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières. Survenant au même moment, …» (Lc 2,36-38)

La tradition chrétienne n’a pas ajouté de détails légendaires au sujet d’Anne; cela n’en fait pas moins une figure mystérieuse et emblématique.

L’Évangile prend le soin de dire qu’elle appartient à la tribu d’Aser. Pourtant, à cette époque, seuls les Lévites connaissaient leur ascendance tribale et, à un degré moindre, les descendants des tribus de Juda et Benjamin. Toutes les autres généalogies avaient disparu à jamais. Quant à la tribu d’Aser, elle faisait partie des 10 tribus, dont on avait perdu les traces après la chute du Royaume du Nord et la déportation des Israélites en Assyrie, au VIIIe siècle A.C. Ajoutons que le titre de prophétesse ne concorde pas avec la tradition juive, selon laquelle l’action prophétique avait cessé au milieu du Ve siècle A.C. Comment peut-on parler d’une prophétesse de la tribu d’Aser trois cents ans plus tard? On pourrait en dire autant d’«une fille d’Aser» qui descendit d’Égypte au moment de l’Exode en même temps que la maison de Jacob et s’y trouvait encore 400 ans plus tard quand le peuple sortit d’Égypte (cf. Gn 46,17 et Nb 26,46). Selon le midrash juif, cette fille d’Aser fut l’unique survivante de la génération des Pères, qui conserva secrètement le moyen de reconnaître celui qui viendrait libérer le peuple de l’esclavage en Égypte et le conduire vers la Terre Promise. Pareillement, il revenait à la prophétesse Anne, fille de la tribu d’Aser, de reconnaître le Messie d’Israël et «elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem. (Lc 2,38)

Siméon et Anne illustrent l’attente fervente d’Israël pour le Messie, enfin reconnu dans cet enfant.

Traduction : M. Bourgault

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