Cécile Pilverdier : Un souvenir du Michel de Goedt


Cécile Pilverdier de la kehilla de Jérusalem partage un souvenir du Père Michel de Goedt, récemment décédé en France.

C'est en 1959 que j'ai rencontré pour la première fois le père Michel de Goedt, qui en 1960 a donné durant une année, des cours bibliques sur les chapitres 9, 10, et 11 de l'épître de saint Paul aux Romains.

C'est à travers son étude approfondie, scrutatrice du texte, qu'a jailli en moi l'amour pour le peuple d'Israël, sans doute une étincelle de l'amour de Dieu pour Son peuple. En 1962, cet amour m'a conduite tout naturellement en Israël : « Pour y vivre et y mourir ».

michel_de_goedt2En 1969 j'ai accueilli ici le Père Michel, qui petit à petit, est devenu pour moi, un frère. Son  hyper sensibilité n'était pas toujours facile à gérer, ni pour les autres, ni pour moi, ni surtout pour lui-même, mais sa profonde humilité m'a toujours impressionnée.

De par ce que le Père Michel a pu me dire, et de ce que j'ai pu lire, son amitié avec le rabbin Giles Bernheim lui était un réconfort, tant par les échanges qu'ils ont eu au moment de « L'affaire du Carmel d'Auschwitz » que par la conférence donnée le 9-9-1999 à un colloque qui s'est tenu à Auschwitz dont le thème était :  Peut-on parler d'une « Théologie de la Rédemption après Auschwitz ? »

Pour moi, ce texte que j'ai lu et relu tant il me parle, est un exemple typique de la profondeur de la réflexion théologique du Père Michel, pas toujours facile à lire, il faut bien le dire, mais toujours intéressante.

Une réflexion remarquable sur la théologie de la Rédemption après Auschwitz, dont voici un bref extrait :

Ne pas mettre la souffrance du Christ au sommet de la souffrance humaine, cette proposition ne sent-elle pas le soufre ? On le penserait à tort, nous croyons pouvoir le montrer. Jésus de Nazareth a été homme parmi les hommes, connaissant les limites que tout homme connaît, apprenant d'expérience ce que c'est d'être homme, obéir à son Père, s'émerveiller à le voir manifester son bon plaisir sur des voies inattendues, le prier, souffrir, entrer en agonie, traverser les ténèbres de l'abandon... C'est une tentation permanente en christologie que de vouloir, pour ainsi dire, infinitiser dans le Christ ce qui, précisément, fait scandale: l'assomption, sans confusion aucune, de conditions nécessairement limitées de temps, de lieu, d'éducation, de liens avec son peuple. Être serviteur a d'abord signifié pour le Christ être un homme parmi d'autres, " frère et compagnon " se plaît à rappeler saint Jean de la Croix, sans rien qui le distinguât en " humanité " des autres hommes. C'est pourquoi le " plus " de la souffrance du Christ n'est pas à chercher dans une quantité plus grande de souffrances, ni même dans une sensibilité plus grande -ce serait là de nouveau comme infinitiser ce qui est de l'homme; encore qu'il faille ici distinguer entre emplois et emplois du mot: " sensibilité ", rien n'oblige à tenir qu'à souffrance physique égale, le Christ ait été plus sensible que les autres hommes. Le Christ n'a pas été un champion de la souffrance, on a honte de devoir le rappeler, quand on songe au noir océan de souffrances, sévices, humiliations, avilissements, qui a submergé les camps d'anéantissement. Le Christ a été un modeste souffrant parmi d'autres; son humilité a aussi consisté à accepter d'apprendre d'expérience ce que c'est que souffrir, pour savoir un peu de quelle souffrance il se rendait solidaire. S'il a promis avec humilité et douceur de coeur de soulager les accablés, ce n'est pas au nom de l'expérience d'un plus grand accablement mais, peut-on oser préciser, parce qu'il a perçu " de près " ce plus grand accablement qui n'était pas le sien et qu'ainsi, seulement, il a fait sien.[Sens, 2005 no 3, p. 165]

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