Le Cardinal Ratzinger sur Noël et les juifs


Le 29-12-2000, le cardinal Joseph Ratzinger, qui allait devenir le Pape Benoit XVI en 2005, a publié une conférence sur Noël dans l'Observatore Romano, le journal officiel du Vatican. La conférence parle du rôle important du peuple juif dans l'histoire du Salut, et nous le publions ici avant Noël en préparation de la fête.

Extraits d'un article de J. Ratzinger, paru dans L'Osservatore Romano, le 29 décembre 2000, sous le titre "L'héritage d'Abraham, don de Noël ?".

«...Cette histoire commence par la foi d'Abraham, Père des croyants, Père aussi de la foi des chrétiens, et notre Père par la foi. Cette histoire se poursuit par la bénédiction des patriarches, par la révélation de Moïse et par l'exode d'Israël vers la terre promise. Une nouvelle étape s'ouvre avec la promesse, faite à David et à sa descendance, d'un règne sans fin. Les prophètes, à leur tour, interprètent l'histoire, appellent à la pénitence et à la conversion et préparent ainsi le cœur des hommes à recevoir le don suprême. Abraham, Père du peuple d'Israël, Père de la foi, est ainsi la racine de la bénédiction, en lui "se béniront toutes les familles de la terre" (Gn 12, 3).

La tâche du peuple élu est donc de donner son Dieu, le Dieu unique et véritable à tous les autres peuples et, en réalité, nous, chrétiens, sommes les héritiers de leur foi au Dieu unique. Notre reconnaissance va donc à nos frères juifs qui, malgré les difficultés de leur histoire, on conservé, jusqu'à aujourd'hui, la foi en ce Dieu et en témoignent devant tous les autres peuples qui, privés de la connaissance du Dieu unique, "demeuraient dans les ténèbres et l'ombre de la mort" (Lc 1, 79).

....La conscience néotestamentaire de Dieu, qui culmine dans la définition johannique : "Dieu est amour" (1 Jn 4, 16), ne contredit pas le passé, mais au contraire synthétise toute l'histoire du salut, dont le protagoniste initial était Israël. C'est pourquoi, dans la liturgie de l'Eglise, des origines jusqu'à aujourd'hui, résonnent les voix de Moïse et des prophètes; le psautier d'Israël est aussi le grand livre de prière de l'Eglise. Par conséquent, l'Eglise primitive ne s'est pas opposée à Israël, mais a cru, en toute simplicité, qu'elle en était la continuation légitime. La splendide image d'Apocalypse 12, la femme, enveloppée de soleil, couronnée de douze étoiles, enceinte et souffrant les douleurs de l'enfantement, c'est Israël qui donne naissance à celui "qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer" (Ps 2, 9); et pourtant, cette femme se transforme en un nouvel Israël, mère de peuples nouveaux, et est personnifiée en Marie, la Mère de Jésus. Cette unification de trois significations - Israël, Marie, Eglise - montre comment, pour la foi des chrétiens, Israël et l'Eglise étaient et sont indissociables.

On sait que tout enfantement est difficile. Indiscutablement, depuis son début, la relation entre l'Eglise naissante et Israël eut souvent un caractère conflictuel. L'Eglise fut considérée par sa mère comme une fille dégénérée, cependant que les chrétiens considéraient leur mère comme aveugle et obstinée. Au cours de l'histoire de la chrétienté, les relations, déjà difficiles, dégénérèrent ensuite, donnant lieu, directement dans de nombreux cas, à des attitudes antijudaïques, qui ont causé, dans l'histoire, de déplorables actes de violence.

Et même si l'ultime et exécrable expérience de la Shoah fut perpétrée au nom d'une idéologie antichrétienne, qui voulait frapper la foi chrétienne à sa racine abrahamique, en l'espèce du peuple d'Israël, on ne peut nier qu'une résistance insuffisante des chrétiens à ces atrocités s'explique par l'héritage antijudaïque, présent dans l'âme d'un nombre non négligeable de chrétiens. C'est peut-être précisément à cause du caractère dramatique de cette ultime tragédie qu'est née une nouvelle vision de la relation entre l'Eglise et Israël, une volonté sincère de vaincre toute forme d'antijudaïsme et d'inaugurer un dialogue constructif de connaissance réciproque et de réconciliation.

Mais pour être fructueux, un tel dialogue doit commencer par une prière à notre Dieu pour qu'il donne, avant tout à nous autres chrétiens, une plus grande estime et un plus grand amour envers ce peuple, ces "Israélites, à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses, et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement! Amen." (Rm 9, 4-5), et ce non seulement dans le passé, mais également au temps présent, "car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11, 29)

...Il est évident que le dialogue entre nous, chrétiens, et les juifs se situe sur un plan différent, par rapport à celui que nous avons avec les autres religions. La foi dont témoigne la Bible des Juifs, l'Ancien Testament des chrétiens, n'est pas, pour nous, une autre religion, mais le fondement de notre foi. C'est pourquoi les chrétiens - et aujourd'hui encore davantage en collaboration avec leurs frères juifs - lisent et étudient avec une telle attention, comme une partie de leur héritage même, ces livres de la Sainte Ecriture... »
 

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