Les Juifs saluent les papes prochainement canonisés


Reuters a publié un article sur la réaction juive à la canonisation des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II, le dimanche 27 avril 2014. L’article est paru dans la presse le 25 avril 2014.

Les Papes Jean XXIII et Jean-Paul II, qui seront canonisés Dimanche, ont tant œuvré pour mettre fin à deux millénaires d’antisémitisme catholique qu’un groupe juif défendant les Droits de l’Homme les a appelés "héros du peuple juif".

Les deux pontifes ont marqué l’église du monde entier de manières si diverses que la plupart des Catholiques romains nommeraient sans doute leur respect pour les Juifs, appelés par le pape Jean-Paul II « nos frères aînés bien-aimés » dans la foi.

Mais pour une foi minoritaire qui a souffert des siècles de persécution, la vie des ghettos puis les horreurs de l’Holocauste, le revirement qu’ils ont opéré dans les relations judéo-catholiques pourrait être considéré comme l’un des miracles qu’ils eurent à leur actif.

On se souvient surtout de Jean XXIII comme de celui qui a convoqué le Concile Vatican II (1962-1965), dont le document de référence "Nostra Aetate" a désavoué le concept, vieux de 2 000 ans, de la culpabilité juive à l’égard de la mort de Jésus.

« Notra Aetate a conduit à des changements étonnants dans les relations entre Juifs et Catholiques dans le monde entier, même si le degré d’intériorisation de ces principes a dépendu du fait que Catholiques et Juifs vivent ou non côte à côte », dit le Rabbin David Rosen, Directeur International des Affaires Interreligieuses de l’American Jewish Committee.

Durant son long règne de 1978 à 2005, Jean-Paul est devenu le premier pape à visiter une synagogue. Lors d’une visite au Mur Occidental à Jérusalem, il a laissé une note disant combien il était « profondément attristé par le comportement de ceux qui, au cours de l’histoire, ont fait souffrir vos enfants ».

« Ce geste ne sera jamais oublié », dit le Rabbin Abraham Cooper, doyen associé du Centre Simon Wiesenthal, groupe qui a salué en héros les nouveaux saints.

Une longue histoire d’antisémitisme

A ses débuts, le christianisme était un rejeton du judaïsme, devenu la religion principale en Europe. Il traitait par la persécution, l’exclusion, l’expulsion, cette petite minorité qui ne suivait pas Jésus.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le silence public du pape Pie XII sur l’Holocauste a alimenté les allégations – encore vives de nos jours – selon lesquelles il aurait fait la sourde oreille aux souffrances des Juifs. Ses défenseurs disent de Pie XII qu’il a fait, de façon cachée, tout ce qu’il pouvait pour sauver des Juifs.

En même temps, l’Archevêque Angelo Roncalli utilisait le poste qui était le sien en temps de guerre comme ambassadeur du Vatican à Istanbul pour mettre en œuvre un réseau de religieuses, diplomates et autres qui fabriquait pour les Juifs des Balkans de faux visas, de faux certificats de baptême et d’immigration, afin qu’ils puissent atteindre la Turquie puis la Palestine sous mandat britannique.

Elu pape en 1958, il supprima la phrase au sujet des « Juifs perfides » dans les impropères du Vendredi Saint, récités en ces jours où les Chrétiens commémorent la mort de Jésus.

Pendant l’Holocauste, l’Archevêque Angelo Roncalli aida à sauver la vie de nombreux Juifs de Bulgarie, de Hongrie, et d’autres pays », dit Menachem Rosensaft, professeur du droit du génocide aux Universités de Columbia et de Cornwell, et fils de deux survivants de l’Holocauste.

Héritages spirituels et humains

Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II en 1978, a grandi en Pologne avec des amis juifs et, jeune homme, a été témoin de l’arrestation des Juifs par les nazis dans sa patrie.

Il a effectué une visite historique à la synagogue de Rome en 1986, où il a appelé les Juifs « nos frères aînés bien-aimés ». Il a conduit le Vatican à former des liens diplomatiques avec Israël.

Le Pape François a eu de bonnes relations avec les Juifs d’Argentine alors qu’il était l’Archevêque Jorge Bergoglio de Buenos Aires, et il a même écrit un live ave le grand rabbin de la ville, Abraham Skorka.

Rosensaft a dit que François est arrivé dans son pontificat avec une affection originaire pour la foi juive et pour le peuple juif.

« Il est en train de solidifier l’héritage humain et spirituel de ses deux prédécesseurs en canonisant, non seulement Jean XXIII et Jean-Paul II mais, plus encore, les valeurs qu’ils ont incarnées », a-t-il ajouté.

Soutenez-nous Contactez-nous Vatican News en Hébreu La messe en hébreu Pour la protection des enfants


© 2020 Saint James Vicariate for Hebrew Speaking Catholics in Israel